ACCUEIL CENTRAFRIQUE MDI-PS FORUM CONTACTS |
LENSEIGNEMENT SUPERIEUR CENTRAFRICAIN : UN PLAN MARSHAL Notre pays la République Centrafricaine sest dotée de son unique université au début des années 1970. Université qui devait accueillir entre 1000 et 1500 étudiants. Lobjectif primordial pour cette université était lurgence de la formation des cadres de haut niveau pour palier aux carences des cadres qui jusqualors étaient formés à lextérieur et particulièrement en France. Lensemble des programmes dispensés dans cette université était calqué sur ceux de la France. Les différentes facultés et instituts de notre université avaient des accords de coopération et déchange avec certains facultés et instituts français. Nous comprenons tous que le développement dun pays et la qualité de vie de dune nation dépendent de son niveau culturel et scientifique qui dépendent aussi de la valeur de son enseignement supérieur. Depuis bientôt quinze ans luniversité de Bangui est en faillite dans sa mission de formation. On assiste à un replâtrage. Luniversité nest pas ouverte sur le monde, les programmes denseignement ne sont ni revus ni améliorés pour sadapter à lévolution du pays dabord et du monde actuel. Il sest tenu deux états généraux sous les régimes politiques successifs dont les rapports ont été relégués sur quelque étagère, perdus dans des cartons ou tiroirs des bureaux des hauts responsables politiques. Ces rapports nont jamais été exploités ni mis en application alors que de grosses sommes dargent ont été débloquées pour lorganisation de ces états généraux de lenseignement. Il est temps de débattre de nouvelles propositions afin de remédier à cette plaie nationale. Le temps passe trop vite au point que notre enseignement supérieur aura du mal à rattraper son retard. Pour améliorer sa nature et sa qualité, pour nous préparer à affronter les nouveaux défis, lenseignement supérieur devra donc se réformer profondément et vite. Il est urgent de répondre aux besoins de formation en permanence, intégrer leffort de nouvelles technologies puisque la situation actuelle est dune grande fragilité. Il est aussi urgent de parler des premiers concernés qui sont les étudiants eux-mêmes, ceci par la création dun cadre de vie des étudiants quil sagisse des amphithéâtres des bibliothèques des centres de recherches des restaurants, des résidences universitaires et des terrains de sports. Le nombre des étudiants a triplé sans que sa capacité daccueil naugmente. Les enseignants devraient simpliquer dans les recherches qui est lune des dimensions essentielles du travail des universitaires car on constate que la qualité des enseignements dispensés et les recherches nont pas évolué depuis ces quinze dernières années. Ces enseignants ne sont pas incités à consacrer à lenseignement lessentiel de leur temps. Daucuns diront quils ne sont pas rémunérés à hauteur de leur grade. Cest aussi un problème réel que les autorités devront prendre en compte car la disparité des rémunérations dans la fonction publique centrafricaine est dune totale évidence ce qui à des conséquences sur les différentes catégories socioprofessionnelles. Linsertion professionnelle de jeunes diplômés est quasi-incertaine puisque cest lEtat qui est le seul employeur. Il ne peut plus leur procurer des débouchés suffisants en un mot luniversité nassure quinégalement les débouchés de ses diplômés. Il est urgent de tout revoir avec la remise en place des services dorientation qui se chargeront de définir clairement les débouchés de lenseignement supérieur, de mettre à la disposition des élèves du secondaire la liste des débouchés réels par matière et par niveau( nous aurons certainement le temps de parler longuement dans un proche avenir de notre système éducatif au niveau primaire et secondaire). La mise en place de telles données supposera que luniversité mette en place un suivi détaillé du devenir des diplômes en un mot un vrai plan Marshall de lenseignement supérieur centrafricain. Lenseignement supérieur doit réduire les injustices sociales en aidant financièrement en priorité les élèves issus des milieux défavorisés ce qui amène à revoir les critères actuels dattribution de la bourse nationale. Lactuel système est pervers, lattribution est fondée sur des critères injustes. Luniversité doit souvrir au monde, la signature des accords de coopération est utile et nécessaire avec dautres universités étrangères( européennes et africaines ) ce qui permettra lactualisation des programmes denseignement et les échanges inter- universitaires. Il ne faut pas perdre de vue les accords avec la CAMES (Commission Africaine et Malgache de lEnseignement Supérieur) qui supervise les programmes denseignement supérieur des universités africaines. Notre pays étant aussi signataire de cet accord. Il va de soi que la qualité et la compétence des enseignants étrangers soient prises en compte ce qui est du domaine de la direction des affaires académiques et des relations extérieures. Il sagit pour cette direction de vérifier la conformité des diplômes des enseignants étrangers, travail qui nétait pas sérieusement fait et laissé au bon vouloir du consulat de France à Bangui qui présentait des dossiers denseignants dépourvus des aptitudes à enseigner dans des établissements supérieurs. Il sest développé en Centrafrique au début des années 1980 une prolifération détablissements privés( lycées et Instituts). De nos jours leur nombre a augmenté mais le rôle de lEtat doit consister à vérifier la conformité des programmes avec ceux du public. Nous savons que ces établissements, qui ont pour la plupart une vocation décole de commerce, ont eu un apport non négligeable dans la formation de gestionnaires qui occupent une place importante dans des sociétés privées de notre pays. Nous continuons de déplorer que la situation est aujourdhui telle quil est devenu pratiquement impossible à un enfant scolarisé en primaire à Obo, Ndélé, Nola ou à Ndjoukou daccéder à lUniversité. Si rien est fait, des groupes sociaux nauraient pas la moindre chance dêtre un jour représentés dans les élites nationales. Les conséquences pour lunité nationale seraient catastrophiques. Jean-Paul ENZA.
E-mail : mdicentrafrique@chez.com |