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BULLETIN  N° 13, Novembre 1999

EDITORIAL

La réélection de Mr A.F. Patasse a donné lieu à une investiture en grande pompe devant 4 chefs d'état africains et voisins et de nombreuses délégations étrangères ainsi que 2 noms de l'opposition de la moribonde UFAP, Enoch Dérant Lakouè et David Dacko.

La RCA qui n'a pas les moyens de payer les 12 mois d'arriérés de salaires de ses agents, ni de soigner son peuple, ni de scolariser les jeunes a été capable en moins d'une semaine d'offrir un banquet onéreux. Certes, c'est une cérémonie solennelle méritant d'être célébrée, mais ne fallait-il pas que le peuple tout entier partage cette liesse dont il est l'auteur, pour qu'elle ait un sens? Bref, après cette fête indécente, que nous réserve l'avenir?

Depuis les résultats de cette élection dont nul ne conteste les zones d'ombres (total des suffrages pour les 10 candidats = 100,53 %) l'opposition part en déconfiture, en témoigne le départ du PSD, du FPP et du MDD de l'UFAP et semble en panne d'idées à moins qu'elle n'en ait jamais eu. La légendaire incohérence de l'opposition se confirme, ses leaders démontrant leurs ambitions personnelles. En cela ils ne dérogent pas à la politique du ventre. Tant que le MDD appartiendra à Dacko, le PSD à Lakouè ou le FPP à Goumba, on ne pourra pas parler de partis d'opposition, mais de fonds de commerce de ces derniers.

Il faut s'interroger sur l'attitude de la communauté internationale qui connaissait la gestion affairiste et désastreuse du MLPC par la transgression systématique des règles de gestion orthodoxe, mais a appelé à reconnaître une victoire entachée d'irrégularités

Cette élection était l'occasion pour le peuple centrafricain de sanctionner une équipe dirigeante irresponsable, mais il a été frustré. En effet, comment interpréter la visite du Représentant du Secrétaire Général de l'ONU au président gabonais à 48 H des résultats du 1^er tour de ces élections lui demandant d'appeler les parties au calme et à la raison? La messe n'était-elle pas déjà dite et ne s'apprêtait-on pas à proclamer Mr A. F. Patasse vainqueur au 1^er tour? Qui dirige la MINURCA, le président gabonais ou Mr Koffi Annan? Cette attitude n'est pas de nature à grandir cette haute organisation internationale.

Que dire de l'attitude de l'Elysée, grand donneur de leçons de démocratie et défenseur des droits de l'homme qui appelle à reconnaître une victoire contestée, chose qu'elle n'accepte pas chez elle? A quand la mise en pratique du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes? Il est évident que la 3^ème puissance mondiale est loin d'être un exemple en la matière puisqu'elle est capable de dérouler un tapis rouge devant un dictateur asiatique pour des raisons mercantilistes.

Comment ne pas penser que les aides et les deniers de la communauté internationale détournés par nos gouvernants le sont avec sa propre bénédiction et conclure à une pratique de corruption active de sa part?

Comment continuer à parler de droits de l'homme, de démocratie et d'opposition politique en RCA?

Au vu du champs de ruine que présente l'opposition, d'où viendra le sursaut prométhéen qui sauvera le peuple centrafricain?

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