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MANIFESTE POUR UN FRONT REPUBLICAIN ET DEMOCRATIQUE

 

PRÉAMBULE

Le 8 Décembre 1997, un "appel" lancé à destination des "compatriotes qui ont foi dans les valeurs républicaines et démocratiques", sous la signature de Maître Henri Pouzere, s'exprimant au nom d'un Collectif était rendu public. Cet appel était l'aboutissement logique d'un processus en gestation, initiative de centrafricaines et de centrafricains qui, depuis de longues années, n'ont cessé de réfléchir sur la situation sociale, économique, culturelle et surtout politique de notre pays, principalement sur les tentatives laborieuses d'organisation et de fonctionnement des structures en lutte depuis près d'une décennie.
L'appel du 8 Décembre, qui soulignait les insuffisances notables et persistantes à différents niveaux, visait essentiellement à redonner confiance et espoir à "celles et ceux qui sont inquiets et qui doutent", pour leur dire que "la République Centrafricaine peut encore rebondir, si les filles et fils de ce pays veulent bien s'asseoir, discuter et s'organiser scientifiquement pour accéder au minimum commun que seul un débat démocratique et républicain peut aider à réaliser, à savoir, la Liberté, le Pain, la Paix, dans une République".
Les nombreux et encourageants débats et réactions suscités par cet Appel ont permis de progresser dans la réflexion. C'est ainsi que quelques mois plus tard, pour prolonger et expliciter l'Appel du 8 Décembre 1997, est paru dans le quotidien LE CITOYEN (n° 249) un texte de fond intitulé "la Formation d'un Front Républicain et Démocratique et la Recherche d'un Organisateur des Convergences".
Ce second texte n'est pas seulement l'acte fondateur du Front Républicain et Démocratique. Il frappe surtout par l'originalité de la démarche, par le ton novateur du discours. En effet, pour une fois, les Centrafricains n'ont pas en face d'eux un compatriote surgi de nulle part, avec "son" parti politique déjà créé et baptisé, et qui demanderait à d'autres de l'y rejoindre. Les textes sus-mentionnés ont fait ce que tant d'autres auraient dû faire : ni se substituer au peuple centrafricain, ni lui imposer ses vues, mais le rencontrer, le consulter, discuter avec lui de ses vrais problèmes, procéder avec lui à un inventaire exhaustif et à une analyse objective des données concrètes de la situation nationale, recueillir les véritables aspirations de la majorité de laissés-pour-compte, et établir à partir de là un projet universel à appliquer pour solutionner ses problèmes, et, enfin, seulement enfin, réfléchir à la forme d'organisation appropriée, mais aussi au rythme à imprimer à la lutte pour sortir du gouffre de l'enfer. Le Front Républicain et Démocratique, conscient de cette lacune constatée dans le processus de formation des partis politiques en RCA, partis généralement groupusculaires n'a pas voulu la rééditer. En effet, un parti politique n'est pas une fin, mais un moyen pour atteindre des objectifs politiques précis. En optant pour le vocable de FRONT, il s'est agi d'affirmer haut et fort l'importance capitale d'un grand ensemble regroupant le maximum de centrafricaines et centrafricains, autour d'un minimum commun, en vue d'une réflexion et d'une action communes. Or un tel rassemblement est difficilement réalisable dans le cadre de micro-partis fortement marqués par la mainmise d'un Chef autoproclamé, ou d'une poignée d'individus.
Le Front Républicain et Démocratique (F.R.D.) part d'un postulat simple : Notre pays est une République et non un simple agrégat d'ethnies en compétition pour le pouvoir de l'Etat, le pouvoir dans une République se conquiert démocratiquement, se gère démocratiquement, selon le principe de l'alternance, par les meilleurs filles et fils de la République, parce que porteurs du meilleur Projet de Société du moment, exprimé dans le meilleur programme de gouvernement du moment. De telles exigences ne sont ni à la dimension d'un homme quel qu'il soit, ni à celle d'une tribu quelle qu'elle soit, ni même d'un parti groupusculaire. Le F.R.D. entend simplement traduire cette exigence dans les faits, afin d'éviter à notre pays et à notre peuple de continuer d'être les victimes des apparences et des aventures politiques de toutes sortes, des vendeurs d'illusions.

 

1. LES RAISONS D'UNE DÉRIVE

Le spectacle qu'offre la République Centrafricaine aux yeux du monde près de 40 ans après l'indépendance juridique est consternant. Pays potentiellement riche et capable comme d'autres de s'assumer sur tous les plans, la RCA n'en finit pas de décliner et de sombrer au fil des années. Pays qui a su créer et entretenir un minimum de cohésion et d'unité nationales, la RCA s'est progressivement transformée, en l'espace de trois régimes en une nation en lambeaux et en mal d'identité. Enfin, pays autrefois stable et paisible la RCA s'est progressivement muée en une terre de tous les dangers, où l'insécurité a atteint des proportions inégalées.
Si toutes ces dérives ont pu se produire, c'est incontestablement à cause de motifs politiques. En effet, la situation désolante de la RCA et de son peuple vient nous rappeler crûment que depuis le 29 mars 1959, il a manqué et il manque toujours une véritable direction politique lucide, patriotique, courageuse, dévouée, et surtout compétente. Il a manqué et il manque toujours à la tête de la RCA des hommes et des femmes profondément démocrates, pétris d'esprit républicain et cultivant au plus haut degré un sens élevé de l'intérêt général.
Or aucune nation, aucune République n'a jamais progressé ni prospéré si elle n'est guidée par de grandes visions politiques incarnées par des hommes et des femmes entièrement voués à les traduire dans les faits.
De surcroît, une République digne de ce nom ne se conçoit et ne se vit pleinement comme telle qu'à la condition que chacun de ses fils et filles s'y reconnaisse, s'y sente à sa place, et ait conscience de participer quotidiennement au renforcement de ce précieux "Bien Commun à Tous" qu'est la RÉPUBLIQUE. La survie de la République est, certes, l'affaire de tous les citoyens; mais elle dépend d'abord et en grande partie des méthodes de gestion et d'organisation pratiquées par celles et ceux qui reçoivent à cet effet un mandat précis et limité du peuple.
Le drame de la RCA est que près de quatre décennies de dictature, de partis uniques et de pouvoir personnel ont étouffé toute vraie culture républicaine et démocratique, ce, d'abord au niveau de l'exécutif, avec ce résultat prévisible : une totale rupture entre la classe politique obnubilée par la recherche du pouvoir (la sinécure); et un peuple condamné à la vie végétative des laissés-pour-compte, et se débattant dans les pires difficultés pour survivre.
Devant une telle situation, on se fourvoie en pensant que tel homme prétendu exceptionnel, telle ethnie ou tel micro-parti détiendrait la solution. Toute réflexion et toute action politiques n'ont de sens et de portée aujourd'hui que si elles se construisent autour de la primauté de la réhabilitation d'une République Centrafricaine unie, et donc, d'une culture républicaine et citoyenne. De fait, il s'agit de traquer et d'affronter les forces de toutes sortes qui travaillent, consciemment ou inconsciemment, pour le même résultat, à savoir, l'émiettement du peuple et la fragilisation de la République. Car sans République, il ne peut y avoir Démocratie, et sans République ni Démocratie notre pays est condamné au chaos.
Le Front Républicain et Démocratique part de cette évidence que la lutte pour les valeurs républicaines et la lutte pour les valeurs démocratiques vont de pair, être démocrate présuppose que l'on croie fondamentalement en la République comme seule forme possible d'Etat propice à l'expression démocratique. Par contre, proclamer sa foi en la démocratie et militer activement pour un multipartisme intégral, c'est-à-dire, dans notre contexte, pour la multiplication des micro-partis de personnalités, c'est se tromper et tromper le peuple.
Les lacunes à l'origine du piétinement de notre pays tiennent également pour une bonne part, à la nature et au fonctionnement des forces de l'opposition politique censées constituer la solution alternative. Si aucun parti parmi la trentaine enregistrés dans notre pays ne parvient à se hisser à la dimension nationale, c'est parce que les conditions de leur création, ajoutées à l'ambiguïté qu'ils entretiennent autour de leur nature et des projets de société qu'ils sont supposés incarner constituent autant de handicaps pour eux et pour le pays tout entier. C'est cette tendance suicidaire qu'il est urgent de renverser.

 

2. LA POLITIQUE, CE DEVOIR D'EXCELLENCE

Depuis plusieurs décennies, le peuple centrafricain, confronté à d'innombrables difficultés, tente de s'organiser et de résister. Il se bat souvent avec courage, pour mettre un terme à son calvaire, pour sortir du couloir de la mort dans lequel tant de forces hostiles, extérieures et intérieures, l'ont enfoncé. Malheureusement, au vu des maigres résultats, il faut bien constater que tout absolument tout reste à faire. Chaque avancée décisive se transforme en un autre calvaire, plus redoutable encore. Le peuple centrafricain, tel sisyphe, reste coincé au fond du gouffre, condamné à remonter inlassablement l'impitoyable rocher qui, toujours, menace de l'écraser.
Si tant de courage, d'espoir, de patience et de sacrifices de ce vaillant peuple n'ont produit aucun résultat ou presque, c'est qu'il existe des déficits et des lacunes. Ou bien les objectifs pour lesquelles il se bat restent flous; ou bien les voies et moyens choisis ne sont pas ceux qui conduisent à la victoire; ou bien celles et ceux qui ont librement choisi la redoutable mission d'être des LEADERS et qui ont vocation à organiser, diriger et orienter le combat du peuple dans le bon sens n'ont ni le profil ni la compétence suffisante pour d'aussi graves responsabilités.
C'est donc sans doute à ces causes premières qu'il convient de s'attaquer, et c'est ce que le Front Républicain et Démocratique se propose de faire, plutôt que d'aggraver la confusion actuelle en lançant un énième parti politique. Ce Front entend, avec les centrafricaines et les centrafricains uniquement préoccupés par le redressement de leur pays, poser les vraies questions si souvent occultées : quelle est, aux plans économique, politique, social et culturel la situation réelle de notre pays ? Pourquoi en est-on arrivé là ? Quels en sont les principaux facteurs responsables ? Quels sont les remèdes efficaces que nécessite le traitement de cette situation ? Quel projet global est apte à exprimer le Vrai Changement voulu et attendu par la majorité des centrafricains ? Comment s'organiser scientifiquement pour entreprendre et réussir le VRAI CHANGEMENT ? Comment poser et résoudre la problématique du leadership dans ce processus ? etc.
Ces préalables ne sont pas concevables dans le cadre étriqué d'un micro-parti. Seule une structure vaste et intégratrice, qui n'exclut pas à priori, mais rassemble, peut valablement jouer ce rôle. Le Front Républicain et Démocratique veut être cette vaste structure. Il croit fermement que si tous les fils et filles de ce pays acceptent de dépasser leurs clivages, leurs petites différences pour se retrouver autour de l'idéal Républicain qui nous sert de socle commun, alors, la RCA pourra renaître à la vie, rebondir et repartir du bon pied. Cela parce qu'il ne s'agira pas de suivre un homme, un parent ou une vérité particulière mais de se mobiliser pour une Grande Idée, pour une cause commune.
Du reste, la démarche préconisée par le Front Républicain et Démocratique prend fondamentalement en compte notre propre expérience récente de lutte politique, où il apparaît que lorsque le pays a été en grand danger (c'est encore le cas aujourd'hui), les forces patriotiques ont su spontanément trouver le nécessaire point de convergence qui a permis à la lutte de réaliser des avancées décisives.
En effet, en 1990, face à un régime liberticide honni par l'écrasante majorité du peuple centrafricain, de nombreuses voix se sont élevées, d'abord isolément, puis collectivement pour exiger la convocation d'une Conférence Nationale Souveraine aux fins de diagnostiquer avec méthode toujours collectivement, le mal dont souffre le pays, puis d'y trouver toujours collectivement, les remèdes appropriés. On ne soulignera jamais assez le rôle décisif de la coalition regroupant partis, syndicats et associations, coalition historique s'il en fût (CCCCN, puis CFD), qui a été le principal moteur et l'arme décisive qui a permis de venir à bout du régime du RDC.
Ainsi, il y a moins de dix ans, face au grand péril qui menaçait la République, toutes les forces du changement ont voulu et ont su trouver en elles-mêmes les ressorts nécessaires pour préserver la République et favoriser les libertés démocratiques. Chaque entité avait alors bien compris que pour vaincre un adversaire unique, dans un contexte où les centrafricains étaient peu préparés aux subtilités et exigences impératives d'un multipartisme intégral, et où partis, syndicats et associations étaient inorganisés, inexpérimentés, la voie de l'efficacité ne pouvait pas être celle du fractionnisme et de la division, mais bien celle du bloc compact, du rassemblement et de la conjugaison des efforts des intelligences et des moyens.
L'histoire retiendra que la victoire historique du 22 août 1993 sur le RDC et son candidat alors au pouvoir n'a pas été l'oeuvre d'un homme, d'un parti, d'une ethnie; ce fut une victoire rendue possible par le travail collectif du CCCCN et de la CFD parce que ces grands ensembles, en dépit de leurs faiblesses structurelles sont apparus comme de véritables creusets où se sont retrouvés différentes sensibilités, autour d'un minimum commun, la préservation de la République et l'instauration d'un espace démocratique. La preuve était ainsi faite, une fois encore, que l'union, la bonne union pour la bonne cause, guidée par l'intelligence commune et tournée vers des objectifs communs, triomphe toujours. Ce glorieux épisode dont les centrafricains ne sont pas assez fiers nous conforte dans l'idée que lorsque les leaders sont choisis par la base et sont contrôlés par elle, lorsque ces leaders sont capables de placer l'intérêt général au-dessus des petits calculs, lorsqu'ils se préoccupent de traduire en priorité les aspirations du grand nombre, le soutien des masses leur est acquis, et la victoire certaine.
Si malheureusement la victoire de 1993 n'a pas été totale, c'est essentiellement parce que parmi les leaders de la lutte de 1990 à 1993, les démons de la division, des ambitions et de la tentation ont vite repris le dessus dans les différentes chapelles, réléguant de ce fait l'objectif principal au second plan. Non seulement le peuple s'est senti dépossédé de sa victoire et trahi par ses leaders qui ont paru déserter le front de la lutte pour LE VRAI CHANGEMENT, et ont opté pour la voie de l'aventure individualiste mais pire, après la courte victoire du MLPC et de PATASSE, les mêmes leaders, vaincus, se sont reniés, pour la seconde fois en quelques mois, en offrant au vainqueur, sans l'ombre d'une condition ni d'une garantie, leur ralliement pur et simple.
Le divorce qui s'observe depuis 1993 entre le peuple centrafricain et sa classe politique procède d'un sentiment profond de lâchage. L'élan prometteur né en 1990 parait définitivement rompu par l'inconstance des partis politiques qui ont donné le sentiment de privilégier leurs intérêts privés au détriment de l'intérêt général. De plus, les multiples combinaisons de circonstance, tant autour du pouvoir que dans l'opposition (mouvance, puis majorité présidentielle, GUN, CODEPO, G11), combinaisons sans fondements politiques clairs et sans objectifs clairement définis, ne peuvent qu'embrouiller davantage la situation. Or, nous le répétons une lutte politique a besoin de lisibilité.
Si les centrafricains savaient s'élever au-dessus des individualités, des égoïsmes; s'ils pouvaient se souvenir que la seule lutte politique qui compte se mène au nom de grands principes, et que pour relever notre pays il n'est nul besoin ni d'une kyrielle de partis, ni d'un surhomme, mais tout simplement des idées justes traduites dans un projet juste et portées par l'organisation idoine, alors les données de la lutte seraient hautement simplifiées, et la question des hommes, ce DETAIL, se réglerait toute seule ...
C'est contre ce "complexe d'Hercule" des partis politiques et leurs leaders, contre ces livraisons de "vérités révélées", et contre ces messianismes de mauvais aloi que va naître le Front Républicain et Démocratique. Avec cette nouvelle force, les centrafricaines et centrafricains auront vocation à devenir, non des spectateurs, mais des acteurs conscients et actifs de leur propre histoire. Il n'est plus supportable de leur jeter sous les yeux des partis tout ficelés dont ils ignorent tout, et de leur demander d'y adhérer simplement quand tout est verrouillé et qu'il ne leur reste plus quà y jouer les figurants; à se contenter des vertus passives de l'obéissance et de la discipline.

 

3. LE FRONT RÉPUBLICAIN ET DÉMOCRATIQUE : UNE IMPÉRIEUSE NÉCESSITE

D’ aucuns pourraient se demander pourquoi créer un front plutôt qu’un parti politique, puisque telle est la pratique systématique en R.C.A. ?
Le préambule de ce Manifeste a montre que l’idée d’un front n’est pas apparue par hasard, mais au cours d’une longue réflexion collective qui se poursuit.
Mieux, dans toute Démocratie Républicaine, un parti politique naît pour s’organiser, se renforcer et se préparer en vue de conquérir démocratiquement le pouvoir, le gérer démocratiquement; c'est la première étape du processus menant au pouvoir, car il a besoin d’être préparer; enfin conçu pour les objectifs indiqués ci haut, un parti, par principe, est ( ou devrait être) une machine trop puissante et trop complexe pour être l’affaire d’ un homme ou d’une poignées d’homme; pour être fabriqué à la va-vite dans une course contre la montre, par opportunisme.
L’expérience nous montre tous les jours que les partis fabriqués dans ces conditions sont des partis de personnalités, qui n’apportent presque rien ni à la Démocratie, ni à la République, ni au peuple.
Dans les pays de vieille tradition démocratique qui ont inventé les partis politiques même dans les moments de balbutiement, jamais aucun homme fut-il opulent ou influent , n’a jamais créé "son" parti. La création des partis politiques a toujours correspondu à une nécessité historique : l’éternel affrontement des intérêts de classes, d’abord rudimentaire, s’est fait ensuite plus organisé dans le cadre de structures primaires.
Les seuls mécontentements, frustrations, rancœur, haines, de même que des revendications corporatistes n’ont jamais été des motifs suffisants pour justifier la création d’un parti politique.
Dés lors que l’on crée un parti, on se place ipso facto dans la trajectoire du pouvoir de l’Etat, à conquérir et à gérer, en comptant d’abord sur ses propres et seuls moyens, forces et hommes. Et, parce que le pouvoir politique est au cœur de cette démarche, on ne peut imaginer un parti politique sans un projet social, économique et politique, émanation d’un vaste ensemble d’hommes et de femmes qui le portent et y croient en tant qu’il incarne leurs intérêts. C’est bien pour cela que, même dans les pays riches et développés, peuplés de plusieurs dizaines ou centaines de millions d’habitants, non seulement des individus ne créent pas "leurs" partis, mais surtout, la lutte politique, la vraie, oppose non des hommes, ni des groupes, mais d’abord des projets de société et l’alternance véritable a toujours opposé essentiellement deux projets, correspondants à deux visions, deux types d’intérêts en conflit, chaque camp convoitant l’appareil d’Etat, pour le contrôler et y mettre en application son projet de société qui aura préalablement reçu l’onction de la majorité du peuple. Tout comme le parti, le projet de société ne saurait être l’affaire d’un homme, fût-il un génie émérite.
Or à ce jour, aucun travail préalable n’a été entrepris qui puisse justifier la création d’un parti politique à partir des données précises de la République Centrafricaine, un parti qui soit à même, ici et maintenant, de porter la R.C.A. , de la transformer en profondeur, en comptant à titre principal, comme il se doit, sur SES finances, SES hommes, SES moyens matériels, et de la hisser à la hauteur de SES ambitions de Nation Moderne. Il s’agit donc de rompre avec cette fuite en avant, et repartir à la base, écoute, et agir après, écouter encore…
LE FRONT REPUBLICAIN ET DEMOCRATIQUE REVENDIQUE DONC UNE AUTRE MANIERE DE CONCEVOIR ET DE MENER LA LUTTE POLITIQUE. S’inscrivant résolument dans la logique de l’urgence de la lutte par étapes. Le F R D refuse de jouer l’illusionniste et le faiseur de miracles. Il veut dès à présent créer les conditions minimales d’un combat démocratique pour l’avènement d’une République prospère. Il refuse de faire sienne la conception abstraite du multipartisme intégral,
il refuse de cautionner toute pratique clientéliste et douteuse de gestion de la République. Il refuse de s’associer aux résignés qui se sont accommodés de la situation actuelle.
Le F R D se veut un véritable cadre de Réflexion, de Formation, de Conception, d’Organisation et d’Action politique, une locomotive.
Il affirme haut et fort que ce ne sont ni les bailleurs de fonds, ni les aides internationales, ni les "amitiés" et autres "soutiens" extérieurs qui développeront notre pays et nous tireront de la misère, ainsi qu’on l’entend trop souvent. Seuls les Centrafricains sauront façonner leur destin, ils le savent, ils le peuvent, ils le veulent.
Le Front républicain et Démocratique appelle à méditer le bilan de huit (8) ans de multipartisme et à en tirer la seule conclusion qui s’impose : ni la Démocratie, ni la République, encore moins le peuple Centrafricain n y ont trouvé leur compte. Par conséquent, il est urgent de repenser ce système qui a montré ses insuffisances.
Le F.R.D. n’est pas l’affaire d’un homme, il n’est pas la propriété ou la chasse gardée d’une ethnie ou d’un groupe socioprofessionnel donné. Il est une Grande Idée dont les Républicains sincères et les vrais Démocrates de notre pays devront se saisir et faire bon usage, dans l’intérêt supérieur de la Nation.
Le Front Républicain et Démocratique entend rassembler toutes celles et tous ceux qui refusent de désespérer d’eux-mêmes et de la République, qui ne croient pas à la fatalité de la misère qui rejettent les mirages et fausses solutions, refusent de dépendre exclusivement des autres.
Le F.R.D. est cependant conscient de ce que l’idéal Républicain qu’il proclame ne ralliera pas tout le monde. En effet, on peut être patriote ou nationaliste, et être antirépublicain. C’ est pourquoi les tribalo-régionnalistes militants, les partisans convaincus du multipartisme intégral et des partis de personnalités, les chauds partisans des combinaisons politiques dénuées de tout fondement idéologique et de toute base programmatique, les demeurés de l’empirisme politique à la petite semaine et de la lutte artisanale, les convertis aux gouvernements des technocrates ‘’compétents ‘’, ‘’neutres’’ et issus de la ‘’société civile’’, en réaction contre près de 40 ans d’échecs continus de politique d’opérette, enfin, les indécrottables de la conception abdominale et patrimoniale du pouvoir, sont autant de catégories qui auront du mal à souscrire aux thèses et à la dynamique du Front Républicain et Démocratique. L’important, c’est que de plus en plus de Centrafricaines et de Centrafricains se détournent résolument de ces anti-valeurs, et acceptent lucidement, de se rendre utiles à une cause qui surpasse toutes les autres : la cause de la REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE.

 

4. LES ÉTAPES DE LA MARCHE EN AVANT DU F.R.D.

La République Centrafricaine est un bien commun à tous ses enfants. Lorsqu’elle va aussi mal que présentement, chacun d’eux a l’impérieux devoir de se sentir concerné, et de s’impliquer directement dans la recherche des meilleurs voies et moyens pour la guérir.
La guérison d’un grand malade n’est pas fonction du nombre de médecins, mais du diagnostic juste et du traitement juste à administrer.
Toutes celles et ceux qui se font une haute idée de la République Centrafricaine, qui sont conscients de son état de déliquescence avancée, et qui veulent contribuer à son redressement, mais ne croient pas ou croient plus à ce redressement à travers la profusion de partis politiques actuels sont invités à aider à la création du Front Républicain et Démocratique, CE COMPROMIS HISTORIQUE RASSEMBLEUR. INTEGRATEUR ET OUVERT à tous les défenseurs résolus de l’idéal REPUBLICAIN. Ensemble dans le F.R.D., nous serons plus unis, plus forts plus combatifs ; et ainsi, nous irons plus loin et plus vite. Cette longue marche en avant se déroulera selon les étapes suivantes :

1. DES A PRESENT :

  • Large diffusion du présent Manifeste, multiplication des contacts rencontres, débats autour du manifeste des idéaux qu’il prône.
  • Recueil des adhésions à l’idée d’un F.R.D., puis, dans un délai relativement bref convocation d’une grande rencontre nationale pour débattre démocratiquement de la forme et du contenu du F.R.D. Cette rencontre marquera la naissance officielle du F.R.D.
  • Choix démocratique d’une direction nationale chargée d’implanter territorialement et animer le F.R.D.
  • Réflexion sur les moyens d’action du F.R.D., lancement d’initiatives susceptibles de garnir la caisse du F.R.D.
  • Dans la perspective des élections législatives toutes proches, parrainage et soutien actif à des candidatures sous la bannière du F.R.D. à l’échelle nationale, avec comme mots d’ordre : TOUS ET TOUTES POUR LA REPUBLIQUE, TOUS ET TOUTES CONTRE L’EXCLUSION ET L’INTOLERANCE.
  • Multiplier les missions en provinces pour sensibiliser nos compatriotes de l’intérieur.

2. UN PEU PLUS TARD

  • Dès après les législatives lancement d’un vaste programme de sensibilisation, d’information et de formation des Centrafricaines et Centrafricains acquis au F.R.D. ( séminaires, conférences, causeries, tournées provinciales, etc.) portant sur tous les sujets à caractère national.
  • Ouverture d’un vaste débat autour du projet de société F.R.D., à élaborer à partir d’inventaire méticuleux et exhaustif des données internes et externes à la RCA. Discussion démocratique et adoption du dit Projet. Réflexion autour de la problématique de l'élection présidentielle 1999, la position du F.R.D. sur une éventuelle candidature ; modalités de cette candidature.

3. ENFIN

  • Au lendemain de l'élection présidentielle, réflexion démocratique sur le devenir du F.R.D.
  • Si le F.R.D. est au pouvoir, affiner les modalités d'une gestion républicaine et démocratique.
  • Si le F.R.D. n'est pas au pouvoir, redéfinir son statut, entreprendre  un programme intensif d'organisation, de formation et de préparation en vue de la conquête et de la gestion du pouvoir.
  • Mise en place d'un organe permanent de réflexion, de proposition et de promotion au sein du F.R.D.
  • Organisation à des périodes régulières de Congrès du F.R.D., avec possibilité de renouvellement des organes.
  • Promotion d'une publication interne au F.R.D., et d'une publication à destination du grand public, pour la diffusion des idées et activités du F.R.D.

 

CONCLUSION

Le devenir de la République Centrafricaine interpelle chacun des Patriotes, chacun des Républicains et chacun des Démocrates sincères de ce pays. Eux seuls peuvent par leur engagement insufler le sang neuf qui fait tant défaut à la difficile marche qui se mène en rangs disperés.
Le peuple Centrafricain peut se frayer son chemin vers des lendemains meilleurs. Il suffit pour cela de reprendre confiance en lui, de croire en son génie créateur et de trouver sa voie. Personne d'autre que lui ne peut mieux savoir ce qu'il lui faut.
La République Centrafricaine a trop souffert et souffre encore de deux sortes de mythes : depuis des décennies, on a étouffé tout sens de l'initiative chez les Centrafricains en leur faisant croire que leur pays ne se relèvera que par la grâce et la générosité de l'extérieur, alors que l'extérieur n'intervient que sur la foi de la qualité des résultats des efforts internes. Depuis des décennies, certains politiques Centrafricains ont entretenu l'illusion qu'en politique, tout est affaire de famille, de relation, de tribu ou de région, alors que la politique vise à la résolution par des professionnels de l'ensemble des contradictions au sein du peuple sur fond de l'idéal républicain.
Il est urgent et impérieux de briser à jamais ce miroir aux alouettes. Pour ce faire, le Front Républicain et Démocratique s'offre comme seule véritable alternative , le seul cadre où Centrafricaines et Centrafricains, du nord au sud, d'est à l'ouest, peuvent se retrouver, conjuguer leurs efforts, leurs intelligences et leurs moyens au service exclusif de la REPUBLIQUE.
Dès aujourd'hui, mobilisons-nous tous pour l'avènement d'un F.R.D., sel capable de redonner espoir par un VERITABLE CHANGEMENT.

Bangui, Juillet 1998.
Me Henri POUZERE

 

E-mail : mdicentrafrique@chez.com